Philophobie : la peur d’être amoureux ?

La peur de tomber amoureux est plus répandue qu’on ne le pense. Pourtant, l’amour est souvent idéalisé comme une expérience à la fois intense et merveilleuse. Cependant, derrière cette vision romancée se cachent des réalités parfois déstabilisantes, qui peuvent susciter de l’appréhension.

Lorsqu’on est célibataire, on aspire souvent à rencontrer la personne qui bouleversera notre existence. Le début d’une histoire d’amour est généralement marqué par l’enthousiasme et l’euphorie, mais avec le temps, les premières difficultés surgissent. Pour certains, ces désillusions sont insurmontables, entraînant des ruptures répétitives et nourrissant un cercle vicieux de peur et d’échec amoureux.

Les expériences douloureuses peuvent nourrir une appréhension profonde face à l’idée de retomber amoureux. Cette crainte peut avoir diverses origines, et il est essentiel d’en comprendre les causes pour mieux l’appréhender.

Nous allons explorer en détail les raisons qui conduisent à cette peur de l’amour, c’est parti !

Pourquoi tomber amoureux fait peur ?

La philophobie, du grec « philo » (amour) et « phobos » (peur), désigne une crainte intense de tomber amoureux. Si cette peur peut concerner l’amour de manière générale, elle est souvent associée à une angoisse face à l’engagement et aux sentiments amoureux.

Ce trouble de l’attachement peut avoir un impact profond sur la vie personnelle, poussant ceux qui en souffrent à développer des mécanismes de défense pour éviter toute forme d’attachement émotionnel et se protéger de la vulnérabilité liée aux relations affectives.

La philophobie se manifeste par une peur intense de ressentir de l’amour pour une autre personne, souvent accompagnée d’une angoisse profonde face à l’idée de s’engager dans une relation sentimentale. Contrairement à une personne qui n’en souffre pas, le philophobe peut être sujet à de véritables crises d’anxiété lorsqu’il commence à éprouver des sentiments amoureux, rendant toute relation stable et épanouie difficile à maintenir.

Cette phobie émotionnelle peut trouver son origine dans des événements traumatisants, des expériences passées marquantes ou encore un trait de personnalité peu enclin à l’attachement. Voici les principales causes pouvant expliquer cette peur viscérale de l’amour.

Le divorce des parents ou une relation père/mère compliquée

Le divorce des parents peut laisser, pour un enfant, des séquelles sur le long terme assez terribles. Cela peut nous donner une peur de reproduire les mêmes erreurs que nos parents et donc nous amener à concevoir cette philophobie.

Parce que oui, la vie amoureuse de nos parents travaille beaucoup sur notre inconscient. Cette relation que l’on a pu observer toute notre jeunesse et même plus tard conditionne notre cerveau sur ce qu’est l’amour. Comme toutes choses, vous vous êtes forcément comparé avec vos parents et ce, pour du positif comme du négatif.

Si leur relation s’est dégradée vous allez avoir un mauvais à priori de l’amour qui n’est pas forcément vrai. Toutes les relations sont différentes en tout points mais se séparer de sa vision parentale est plutôt compliqué. En bref, il faut essayer de se détacher de la relation qu’ont vécu vos parents !

La perte d’un proche

La perte d’un proche représente une épreuve particulièrement douloureuse, qu’il s’agisse d’un décès ou d’une rupture brutale. L’attachement profond ressenti pour cette personne laisse une marque indélébile, rendant l’idée de revivre ces émotions insoutenable. Cette souffrance intense peut alors pousser certains à éviter tout nouvel attachement, par crainte de revivre une séparation aussi douloureuse.

Cette situation est fréquente après une rupture amoureuse, notamment lorsque la relation a duré plusieurs années et a été marquée par une passion profonde. La douleur de la séparation peut alors être si forte qu’elle installe une peur inconsciente d’aimer à nouveau, par appréhension du même chagrin.

Comme pour toute expérience traumatisante, l’être humain cherche instinctivement à éviter de revivre une souffrance passée. Ce mécanisme de défense peut, à terme, mener à la philophobie, où la peur d’être blessé devient si omniprésente qu’elle pousse à rejeter tout sentiment amoureux.

Certaines personnes, après le décès de leur mari ou de leur femme, se jurent de rejeter tout sentiment amoureux autre que pour leur partenaire. C’est une forme différente qui s’écarte un peu de la peur de l’amour car c’est plutôt un exemple de respect et de fidélité pour leur partenaire.

Des mauvaises expériences

La peur de tomber amoureux découle souvent d’expériences passées douloureuses, marquées par des relations qui se sont mal terminées. Après une rupture, il devient difficile de se concentrer sur les aspects positifs d’une relation, et l’esprit a tendance à s’attarder sur le négatif, renforçant ainsi l’appréhension face à un nouvel engagement.

Chaque relation comporte son lot d’épreuves et d’imprévus déstabilisants. Lorsque ces expériences négatives s’accumulent, elles peuvent façonner une perception biaisée de l’amour, créant une barrière mentale qui freine l’envie de s’attacher à nouveau. Cette réticence peut aller jusqu’à l’auto-sabotage, par peur de revivre les mêmes désillusions.

Une rupture laisse des séquelles émotionnelles, et lors de nouvelles rencontres, cette crainte ressurgit. Les blessures issues d’une tromperie, d’un mensonge ou d’un abandon peuvent conduire à une généralisation excessive, où l’on s’imagine que toute relation est vouée à l’échec.

Cette vision réductrice empêche d’apprécier les bienfaits qu’un nouvel amour pourrait offrir, alors même qu’une relation épanouissante peut, au contraire, aider à guérir de ces blessures du passé.

La peur de ce sentiment

Oui, le sentiment de l’amour fait tout simplement peur à énormément de personnes. L’amour c’est vivre pour quelqu’un, penser à quelqu’un et partager ses sentiments avec la personne. Finalement, l’amour représente énormément de choses toutes plus belles les unes que les autres. Mais souvent, c’est justement cette masse de sentiments ou « d’obligations » qui font peur.

L’amour c’est un engagement puissant avec une personne, on en devient même très vulnérable. Cette vulnérabilité fait peur car on ne contrôle en rien ce que l’on ressent et il est impossible d’atténuer notre amour pour une personne.

C’est un lâcher prise que beaucoup se sentent incapable de faire. Il y a un blocage au moment de se laisser aller par ses sentiments et ses émotions. Cette situation arrive notamment aux personnes pensant trop rationnellement. L’amour, disons-le, n’est absolument pas rationnel. Tout se base sur des émotions, des moments de vie qui, quand on y réfléchit, n’ont aucun sens, et c’est ce qui fait la beauté de l’amour.

Ainsi, les personnes pensant rationnellement ont peur de l’amour car elles ne sont pas compatibles avec ce sentiment. Elles préfèrent se rassurer avec leurs pensées rationnelles que vivre le grand amour, mais en se laissant aller avec un engagement complet.

Cette peur de l’amour peut aussi être caractérisée par la peur que votre amour pour une personne ne soit pas réciproque. C’est une appréhension commune lorsque l’on ressent un sentiment fort comme l’amour d’apprendre que la personne ne ressent pas la même chose que vous. 

Comme dit précédemment, l’amour nous pousse à faire des choses fortes, non habituelles pour une personne. Donc apprendre que ce n’est pas réciproque fait souvent très mal. Il est donc commun que des célibataires, par peur de ne pas être aimés en retour ou par honte, ne franchissent pas le pas et bloquent leurs sentiments.

Comment réagit une personne qui a peur de l’amour ?

Les symptômes d’une philophobie, ou plus simplement de la peur d’être aimé ou d’aimer, se caractérisent souvent par un très gros manque de confiance en soi. En effet, les personnes souffrant de ce type de maladie ou de traumatismes n’ont généralement plus confiance en elles, mais aussi en l’amour.

La faute est principalement due aux mauvaises expériences dans le passé qui provoquent ce manque de confiance. Voyons donc en détails ce que peut causer chez une personne une philophobie.

Penser que l’on ne peut pas être aimé

Lorsqu’une personne vous montre sincèrement ses sentiments, il arrive qu’on en doute pour la seule raison qu’on pense ne pas être à la hauteur. Des questions arrivent comme : « Pourquoi m’aimerais-il ? » ou « Pourquoi s’intéresse-t-il à moi ? ».

Cette remise en question est très nocive car vous portez un jugement de valeur négatif sur vous-même. Vous remettez en question l’amour que porte pour vous votre partenaire, ce qui a pour conséquence de vous rendre craintif sur ce sentiment et de ne plus y croire.

Penser que l’on ne peut pas être aimé a pour conséquence une sous-estime de soi et un refus d’affection !

Ne plus faire confiance

Quand on sort de certaines ruptures, on a tendance à généraliser et à penser que toutes les relations se valent. C’est une appréciation très récurrente chez les philophobes qui ne voient en l’amour qu’une manière de perdre du temps car la confiance donnée à la personne n’est pas nécessaire.

Nous savons tous qu’une relation solide se bâtit par de la confiance mutuelle. Cette perte totale de confiance avec votre partenaire ne permet donc pas de construire une relation solide. Cela amènera des disputes et donc cela peut causer des ruptures.

Le manque de confiance dans le sexe opposé est un symptôme très récurrent qui bloque toute interaction car il est impossible de voir autre chose que le négatif. Ne plus faire confiance à quelqu’un c’est rester seul dans toutes les aventures de la vie sans pouvoir avoir le soutien d’une autre personne !

Dominé par ses aventures passées

Le passé est la cause principale d’une personne souffrant de la peur de l’amour. Cela a pour conséquence de fixer toutes vos déceptions et de ne vivre et de ne penser que par ça. Donc impossible de voir l’amour autrement que par le passé, impossible d’avancer.

Comme vous ne vivez que par rapport à vos aventures passées, impossible d’avoir un esprit critique permettant d’accepter l’amour ou l’affection d’une nouvelle personne.

L’inconnu du bonheur, auquel on n’a donc jamais goûté à cause de nos mauvaises expériences passées, fait peur également. Il provoque un effet de refus et de remise en question.

La peur de dévoiler son intimité

Lorsque l’on s’engage dans une relation amoureuse, on s’expose sur le plan de l’intimité, car l’autre personne va découvrir des aspects de notre vie que personne d’autre ne connaît. Cette peur de l’exposition de l’intimité, ainsi que de la manifestation de la tendresse, fait partie des symptômes caractéristiques de la philophobie.

Révéler son intimité c’est se dévoiler et tout le monde n’est pas forcément à l’aise avec cela. Se dévoiler c’est faire face à un jugement de son partenaire, ce qui peut en rebuter certains et donc leur faire appréhender cette étape. Un sentiment de rejet envers votre partenaire peut donc aussi se créer…

Avoir peur de la dépendance émotionnelle

La dépendance émotionnelle est inévitable dans une relation amoureuse. Aimer quelqu’un c’est lui donner une part de votre existence et lui faire confiance. De ce fait, vous devez comprendre que vous avez votre autonomie car vous pouvez vivre sans elle, mais vous n’êtes pas indépendant de l’influence de la personne.

Cette peur de dépendre d’une autre personne renforce la philophobie. La peur de ne plus pouvoir vous contrôler et de faire tous vos gestes en fonction de votre partenaire est particulièrement troublant pour une personne habituée au célibat. C’est d’ailleurs pour cela que certaines personnes préfèrent rester célibataires et réfutent leurs sentiments…

Perdre foi en l’amour

Pour finir, une personne ayant peur de l’amour va principalement ne plus croire en l’amour. Que ce soit par des expériences passées ou des choses qu’elle a vue, l’amour ne devient plus que fiction pour elle.

Finalement, pour elle, l’amour ne vaut pas la peine de sacrifier certaines choses ou de souffrir. Ce sont souvent de pures spéculations qui les amènent à penser cela. Il n’y a plus aucune confiance en l’amour, ce sentiment devient néfastes pour elle car il ne leur apporterait rien.

Conseils pour soigner cette peur 

Pour soigner cette peur de l’amour, il faut d’abord faire un gros travail sur soi-même. À la base, la philophobie provient généralement d’un manque de confiance en soi. C’est en travaillant sur soi-même, en découvrant de nouvelles choses et en retrouvant un certain sens goût à l’amour et à la vie que l’on peut soigner cette peur.

Voici donc quelques conseils pour arranger tout cela.

Faire de nouvelles rencontres

Votre peur de l’amour provient peut-être d’une déception vis-à-vis de quelqu’un. Pour enlever cette mauvaise image d’une relation amoureuse et sentimentale, il est important de faire de nouvelles rencontres pour de nouveau croire en l’amour.

Quand on parle ici de nouvelles rencontres, ce n’est pas forcément de rencontrer une personne pour vivre la relation parfaite, non. Cela peut être des rencontres amicales, mais il faut changer d’air, voir de nouvelles personnes qui seront là pour vous et vous aideront dans n’importe quelles circonstances.

En bref, c’est une question de retrouver le sentiment d’être avec de bonnes personnes pour ne plus se focaliser sur les personnes négatives que vous auriez pu rencontrer. Il faut croire à nouveau que des personnes bien existent et, qui sait, peut-être trouverez vous la personne qui vous conviendra et qui vous redonnera goût à l’amour, le vrai !

Retrouver de la confiance en soi

Ce conseil est essentiel. La confiance en soi joue un rôle clé dans notre bonheur et notre épanouissement personnel. Un manque de confiance attire souvent des situations négatives et des personnes toxiques. Il est donc crucial de renouer avec soi-même et d’accepter qu’une personne puisse nous aimer, afin de retrouver la confiance dans ce magnifique sentiment qu’est l’amour.

Pour retrouver cette confiance en soi, il faut identifier vos peurs et vos faiblesses. La conscience de ces peurs permet de trouver une solution.

Il faut aussi apprendre à ne pas refouler ses émotions. Vos sentiments amoureux ne sont pas quelque chose de négatif donc ne les limitez pas, au contraire acceptez-les. 

Néanmoins, si vous avez la crainte d’être débordé par vos sentiments au point de ne plus être capable de les contrôler, il va falloir apprendre à les réguler. Vos émotions sont des états de votre personnalité qui arrivent soudainement. Apprendre à les maîtriser est un travail sur le long terme donc acceptez vos émotions et ne les refoulez pas, elles font partie de votre personnalité.

Se concentrer sur le bonheur et pas l’engagement

Dans une relation, on veut souvent prouver son engagement et cela nous fait oublier de profiter pleinement de la vie avec notre partenaire. La peur de tomber amoureux provient de cette crainte de devoir être engagé. Pourtant, quand deux personnes s’aiment, il n’est pas nécessaire de se limiter à démontrer constamment son engagement.

Profitez de votre relation à deux, vivez des moments uniques et concentrez-vous sur votre bonheur avant tout. La phobie de l’amour c’est s’empêcher de vivre et donc de ne plus croire en ce sentiment si fort qu’est l’amour. Pourquoi compter le nombre de fois où il/elle vous dit « je t’aime » ? Pourquoi se focaliser sur des détails alors que vous pouvez tout simplement passer des moments avec elle ou lui ?

C’est en partageant des moments dans un couple qu’on le solidifie. Il n’y a donc aucune raison d’appréhender la vie de couple, vivez ces moments le plus fortement possible. Si tout s’arrête demain, tant pis, mais au moins vous aurez pu profiter et être heureux pendant cet instant.

Ne pas rechercher la relation parfaite

Inutile de rechercher la relation parfaite à tout prix. Plus vous la poursuivez activement, moins elle aura de chances de se présenter naturellement. L’amour ne se force pas : une relation harmonieuse naît avant tout d’une connexion sincère avec la bonne personne.

En idéalisant une relation sans faille, vous risquez de confondre amour et peur, redoutant chaque désaccord ou tension. Pourtant, les conflits font partie intégrante d’une relation saine et permettent souvent de renforcer le couple. Craindre ces moments signifie soit un manque de préparation émotionnelle, soit un manque de confiance envers son partenaire.

Avoir peur en amour, c’est se priver d’expériences précieuses et passer à côté de nombreux instants de bonheur. À force de rechercher une relation idéale qui n’existe pas, vous risquez de vous enfermer dans des attentes irréalistes et d’être constamment déçu. Accepter l’imperfection, c’est ouvrir la porte à une relation authentique et épanouissante.

Vivez donc vos moments à fond sans aucune arrière-pensée. Vous verrez que votre peur de l’amour disparaîtra petit à petit et vous comblera de bonheur !

Vaincre sa peur

Pour conclure, la peur d’être aimé ou d’aimer une personne se caractérise par un manque de confiance en soi. La faute se dirige souvent sur de mauvaises expériences passées ou des traumatismes vécus. En fait, plein d’éléments peuvent expliquer cette perte de croyance en l’amour.

Le plus important est de retrouver foi en l’amour, qui est une émotion et un sentiment unique en son genre. Certains pensent pouvoir vivre sans, mais la vérité est différente. L’amour nous pousse à faire des choses qu’on n’aurait jamais osé faire ou même qu’on n’aurait jamais pensé faire. Il y a beaucoup d’aspects positifs dans ce sentiment.

Néanmoins, pour en profiter au maximum, il faut gérer ses émotions et ne pas devenir dépendant de cet amour au risque de devenir philophobe. 

C’est ici que se termine cet article, en espérant vous en avoir appris un peu plus sur la peur de tomber amoureux. Merci de nous avoir lu jusqu’au bout !

Sources :

1 – https://www.femmeactuelle.fr/sante/psycho/philophobie-quest-ce-que-la-peur-de-lamour-et-comment-la-traiter-2140321 , par Maéva Ferrenz et Ariane Calvo pour Femme Actuelle

2 – https://www.albionpsychotherapy.co.uk/post/philophobia-the-fear-of-experiencing-love , par Albion Psychotherapy (article en anglais)