Arkema : Un Avenir Incertain pour Jarrie et sa Région
En Isère, l’avenir de l’usine Arkema de Jarrie est remis en question. Le mardi 21 janvier, le groupe chimique français a annoncé son projet de supprimer 154 des 344 postes de ce site historique. Une nouvelle qui frappe de plein fouet une région déjà ébranlée par les difficultés de l’emploi industriel.
Les Origines de la Crise
La crise trouve son origine dans l’arrêt brutal de l’approvisionnement en sel par Vencorex, fournisseur essentiel d’Arkema, placé en redressement judiciaire le 10 septembre 2024. Ce déséquilibre perturbe une chaîne d’interdépendances industrielles cruciale pour la vallée de la chimie. « Depuis le 23 octobre 2024, le site de Jarrie subit directement les conséquences de cette rupture d’approvisionnement », déclare Arkema.
Pour pallier cette situation, le groupe a étudié la possibilité de reprendre Vencorex. Cependant, la complexité de l’opération et l’éloignement de ses compétences stratégiques ont conduit Arkema à abandonner cette idée. Bien qu’un sel alternatif ait été identifié pour maintenir une partie des activités, il ne suffit pas à couvrir tous les besoins du site.
Un Plan de Sauvegarde en Marche
Afin de garantir la survie d’une partie de ses opérations, Arkema a choisi de se concentrer sur la production d’eau oxygénée, de chlorate et de perchlorate, des domaines dans lesquels l’entreprise excelle à l’échelle mondiale. Néanmoins, cette restructuration entraîne un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), prévoyant des suppressions de postes entre mi-2025 et fin 2025. Arkema s’engage à accompagner les salariés concernés, mais l’annonce provoque un climat de tension et d’inquiétude.
Face à cette situation, la CGT a appelé à une mobilisation devant le ministère de l’Économie à Bercy. L’usine de Jarrie, véritable symbole de l’histoire industrielle régionale, illustre les enjeux critiques auxquels font face les écosystèmes industriels interdépendants.
Une Leçon pour l’Industrie Chimique
Cette crise souligne les fragilités inhérentes à un secteur où les interactions entre entreprises sont profondément imbriquées. L’arrêt de Vencorex, producteur d’isocyanates et opérateur technique unique de la plateforme chimique du Pont-de-Claix, a provoqué un effet domino affectant des acteurs majeurs comme Framatome, Air Liquide et Solvay.
Pour renforcer la résilience de l’industrie chimique française, il devient urgent de repenser les modèles actuels. Comment garantir la continuité des activités face à des chocs systémiques ? Quels mécanismes peuvent être mis en place pour prévenir une paralysie complète d’une filière en cas de défaillance d’un acteur clé ?
Vers des Solutions Durables
En attendant des réponses concrètes, les salariés d’Arkema et de Vencorex restent dans l’incertitude. La mobilisation prévue à Bercy représente une occasion cruciale pour mettre en lumière les défis économiques, sociaux et environnementaux qui se jouent à Jarrie. Plus que jamais, un dialogue entre les entreprises, les syndicats et les pouvoirs publics est nécessaire pour envisager un avenir viable pour cette industrie emblématique.